Du point de vue des femmes coréennes, l’un des aspects les plus contraignants des traditions coréennes est sans doute l’importance donnée au premier fils.
Il reste dans l’esprit de nombreux coréens un élément central de la famille. Héritier et assurance de la continuité de la lignée, c’est aussi à lui qu’incombera après son père le rôle de la célébration des ancêtres. Les femmes ressentent donc souvent comme une obligation d’enfanter un garçon.
Les mentalités coréennes seraient en train d’évoluer. Mais les traditions et les habitudes issues en grande partie du confusiannisme qui a réglementé pendant plusieurs centaines d’années l’organisation de la société coréenne, continuent d’influencer fortement la vie des coréens.
C’est ce que semble montrer un récent sondage effectué auprès d’hommes coréens de différents âges interrogés sur l’importance qu’ils donnent à la naissance d’un fils.
Ce sont bien sûr les hommes coréens les plus âgés qui considèrent que la naissance d’un fils est essentielle. Les hommes de plus de 50 ans, sont 72,5 % dans ce cas. La proportion diminue ensuite en fonction de l’âge. Entre 30 et 40 ans, ils ne sont plus que 53,5 % à être de cet avis et il est encore plus faible chez les jeunes de 20 à 30 ans, surtout chez les étudiants. Les très jeunes coréens, entre 10 et 20 ans, sont 43 % à attacher une grande importance à cette tradition.
Globalement, ce sont donc surtout les coréens âgés et intégrés dans le monde du travail qui souhaitent en priorité avoir un fils. Les jeunes semblent moins concernés par cette tradition qui reste toutefois tenace. D’autant plus que les jeunes couples coréens doivent souvent se conformer aux exigences plus traditionnelles de leurs parents.
Face au poids des coutumes qui pèsent sur leurs épaules, des femmes coréennes ont créé des groupes pour défendre leurs droits.
Ces femmes se sont réunies lors d’un congrès nommé : « Anti-Miss Korea » qui s’est tenu proximité de Nam Dae Moon, place historique du centre de Séoul. La chanteuse Ji-Yung Back y a fait une apparition remarquée. Celle-ci avait été au centre d’un grand scandale suite à la diffusion malveillante d’une vidéo sur laquelle elle apparaissait dans une situation très intime avec son producteur. Elle a demandé que les droits de l’homme soient aussi appliqués aux femmes coréennes.
Le problème de la prédominance du chef de famille a été abordé, ainsi que celui de la sexualité. Le problème du harcèlement sur le lieu de travail récemment médiatisé par une affaire survenue au sein d’une école a bien sûr été au centre des débats.
Ce scandale, avait été déclenché par un article publié sur Internet dans lequel une jeune enseignante avait accusé le directeur de son établissement de l’avoir renvoyée suite à son refus de lui servir le café. Il avait connu un dénouement dramatique, car le directeur de l’école s’était suicidé. Probablement suites aux attaques de syndicats d’enseignants dont il avait fait l’objet.
De plus, les femmes présentes ont exprimé leur opposition au service militaire qui en Corée dure trente mois. C’est souvent une épreuve difficile pour les jeunes garçons qui passent ainsi plusieurs années séparées de leur famille. Mais aussi pour les mères et les fiancées qui les attendent dans la crainte d’un accident ou d’un conflit armé toujours envisageable avec leur voisin du Nord. Elles ont enfin vivement critiqué la mode actuelle qui pousse de plus en plus les jeunes filles coréennes à avoir recours à la chirurgie esthétique.